Samedi 14 Novembre.
Donc hier soir c’était notre soirée délire dans ce bar Irlandais du centre de Hanoi. En plus, on a fini par attraper Philippe sur Skype, il était au bureau. Gros délire, on était en complet décalage. Lui, son air bien “Monsieur le commissaire” au bureau, tout mignon, petit pull, petit col, petites lunettes, derrière le bureau et tout, et nous, allumés dans ce bar à l’autre bout du monde, à la tombée de la nuit (ici il fait nuit à 17h30..), avec un Mango Lassi…C’était vraiment excellent.
On est allé manger, et ensuite, on a pris un taxi super malhonnête qui nous a emmené à la gare de Hanoi. On devait prendre un train de nuit.
Est ce que je raconte? La couchette minuscule? le boucan d’enfer? la salle de bain immonde et sans porte? La lunette des WC brisée en mille morceaux? On a pris ce train par l’agence ET Pumpkins, et j’avais vite compris que la citrouille n’allait pas se transformer en carrosse majestueux passé minuit.Non, allez, on laisse tomber. Le but était de: faire passer plus vite les 8 heures de train, sans flinguer une journée de vacances, économiser une nuit d’hôtel. Alors c’est sûr qu’après la petite croisière sympathique dans une luxueuse jonque, c’est un peu rude, sans transition.
On est arrivé à 5h du mat à Lao Cai (ah ben oui, sinon c’est pas drôle, on allait pas encore faire la grasse mat non?)
En descendant du train, tout courbaturé par la nuit passée, un petit bonhomme de 24 nous attendait : Binh. Evidemment, vous êtes comme moi : vous pensez de suite à Mister Binh. Ben voilà, c’est comme ça qu’on va l’appeler pendant 3 jours.
Mister Binh pourrait avoir l’impression de faire partie d’un programme de luxe, mais c’est bien la seule façon de visiter la région. Rien que pour le transport, puisqu’on ne peut toujours pas conduire, et que la route, c’est des fois comme Indianna Johnes.
Donc le seul moyen, c’est le guide. Mais on a pris du sérieux. Genre, bien local, et privé. Histoire d’être sûr de ne pas tomber avec un groupe d’Allemands du troisième âge. Et histoire d’aller un peu hors des sentiers battus.
On est bien au Nord, et le Nord ici c’est comme chez nous : météo pourrie et gens chaleureux ! (Il doit faire 13 environ, et c’est tout brumeux). Mais le guide local, ça facilite drôlement la relation.
Binh a étudié 3 ans pour faire ce métier : un an l’histoire de son pays, un an l’anglais, et un an « comment être un bon guide » : Il est chou comme tout. Aussi curieux de nous que nous de lui.
On a pris un minibus pour aller dans un grand marché de la région : d’abord un premier arrêt : le poste de la frontière chinoise. On est vraiment à 2 minutes à pieds de la Chine, là, à bout de bras, juste de l’autre côté de la rivière. C’est l’heure de pointe : les gens vont d’un pays à l’autre dans les 2 sens pour aller vendre chez le voisin.
Ensuite le marché promis : Can Cau. Une merveille. Essentiellement le peuple des Flower Mhongs. Hyper colorés, hyper souriants.
On a mangé des galettes de riz frit à tomber par terre, et de la canne à sucre. On a flâné un peu, et surtout, on a fait des photos magnifiques (enfin, S. Moi je les exploite juste pour mon blog, sans droit d’auteur).
On y trouve de la soie, de la laine, de la nourriture, et du bétail.







Ce qui me frappe aussi, c’est toutes ces femmes au boulot. Elles ont une vie super dures. On les voit sur tous les fronts : sur les chantiers, avec la pelle (on a déjà vu ça chez nous ??), au marché pour vendre, avec des gamins de partout (en moyenne 3), elles s’occupent aussi des animaux, de la maison, bref, elles font tout.
Quand on demande ce que font les mecs, pendant ce temps, ben ils boivent….
Ensuite on a repris le bus et on est allé marcher vers un village local. On a été hyper bien accueilli, dès l’entrée du village :

Aussi par une autre maison plus loin : une famille de 12 personnes, et certains n’avaient jamais vu d’Occidentaux. Là, je regarde autour de moi, et non, y a pas de doute, là on est vraiment au cœur du pays. Y a rien du tout à part ces gens qui vivent par terre dans des cabanes en boue, et qui stockent du maïs pour l’hiver.
On se fait un peu dévisager, du coup, c’est bien, ça nous met au même niveau : tout le monde est gêné, tout le monde est curieux, et veut être agréable à l’autre, et fait de son mieux pour ça. Sans un seul mot de langue commune. Mais les expressions du visage en disent parfois bien plus long.
Le truc qui marche dans tous les pays du monde pour faire le lien : l’apéro ! Voilà-t-y pas que les petits vieux dégainent la bouteille d’alcool de riz !!! On est invité à s’asseoir par terre avec eux (j’aurais jamais oser mais S. a envie d’aller jusqu’au bout du truc, on le sent bien), et on trinque. Plein de sourires, c’est un moment qui me marque vraiment. Ils n’ont rien, et offrent le peu qu’ils ont.
Ensuite, ils nous montrent l’intérieur de leur maison. On ne peut plus sommaire. Et on nous ressert à boire ! Cette fois du thé.
Il y a un jeune ado, dans cette cabane, qui a l’air super ému. Il explique au guide que c’est la première fois qu’il voit des blancs, et qu’il aurait tant de choses à nous dire, mais qu’il ne sait pas parler notre langue- Alors le guide aide à traduire : « je sais que nos pays ont été en guerre il y longtemps, et qu’aujourd’hui encore il y a la guerre ailleurs. Mai c’est pas comme ça qu’il faut faire. Partout où on va, on devrait se serrer la main, et dire « ok ! ok ! » Il se lève, et nous serre la main. Si, en fait il connaît un mot de notre langue_ « ok ! »
Et en moi, ça s’écroule comme un château de cartes…..
Tu veux dire quoi après çà ? C’est pas du M6, c’est pas les romans. C’est du brut de fonderie, c’est 100% sincère. Il a tout compris le mec, et il a pas eu besoin d’aller à l’école pour ça. Il vous sort ça du fond de sa cabane.
Pendant ce temps, on continue à nous regarder : paraît qu’on a des cheveux différents, et aussi un nez, et un corps différents. Alors ça, merci, j’avais remarqué, je savais bien que …. mon thorax était regardé avec un peu d’insistance... Heureusement qu’ils parlent un peu le Vietnamien, comme ça Binh peut faire l’intermédiaire. Il est vraiment chou ce garçon, et il a la capacité à mettre les gens ensemble, c’est pas donné à tout le monde, surtout à 24 ans !
Mais en ce moment, il nage dans le bonheur : il sort quasiment avecl a fille qui lui plait, c’est une guide qui nous suit de peu avec un autre couple. On a vu tout de suite qu’ils se regardaient bizarrement, d’abord il a nié, et au fil de la journée, on l’a tellement charié qu’il est passé aux aveux.
Non mais qu’est ce qu’il s’imagine ! ça marche pareil en Europe !!
Ensuite on a continué un bout en barque sur une rivière, avant de reprendre le bus vers le Lodge.
C’est vraiment l’une des plus jolies journées du voyage, malgré les plusieurs heures de transport. Mais l’ailleurs, il faut bien aller le chercher !
J’ai la tête pleine de belles choses. Si je devais tout raconter j’en aurais pour la nuit.
Quoi dire à part MAGNIFIQUE!!!
RépondreSupprimerBises copine